Nous y sommes. En ce début d’année 2023, l’IA fait vibrer la toile. Ou dit plus précisément, fait trembler Google.
Le combat de titans
Microsoft, dans sa résolution de détrôner son rival, va intégrer ChatGPT à Bing, un acteur jusque-là minoritaire de la recherche Internet. Et Google se précipite : il sort aussitôt Google Bard pour ne pas perdre son hégémonie, qui dure depuis 20 ans. Alors pourquoi Google a peur ? Parce qu’il gagne de l’argent avec son modèle ancestral : on cherche un mot clé, il trouve des liens pertinents, et on clique pour trouver des informations. Un modèle qui rapporte beaucoup à Google, mais rien à Microsoft, qui n’a pas grand-chose à perdre. Microsoft a donc décidé de bousculer tout ça, et de nous faire monter d’un cran…
L’intelligence artificielle va a présent trouver des informations pour nous. Elle va parcourir des milliards de pages, les rassembler, les synthétiser, et créer une réponse sur mesure, concise, et rapide. Plus besoin de cliquer, lire, résumer. On pose une question, on a la réponse.
L’ère de l’information a atteint son apogée : elle a été automatisée.
Une IA pour les trouver tous
En tant qu’utilisateur, c’est révolutionnaire : le gain de temps est énorme. L’information n’est littéralement même plus au bout de nos doigts, mais à portée d’une question posée à haute voix. Si au début était le Verbe, alors pour des milliers de métiers de l’information, c’est aussi la fin…
Vous faites une stratégie de contenu pour attirer du monde sur votre site ? L’autoroute qui vient chez vous va bientôt se transformer en sentier forestier. L’IA donne directement les informations, plus besoin de venir sur votre terrain. Et le plus ironique : c’est vous et des milliers d’autres qui auront créé le contenu qui sera synthétisé par l’IA. Le nœud autour du cou est bien serré ? Vérifiez.
L’ère de l’information a été automatisée, et la créativité humaine n’a presque plus rien à y faire.
Il est maintenant temps de passer à l’ère de l’apprentissage.
L’ère de l’apprentissage et le nouvel Internet
A mes yeux, nous vivons l’équivalent de l’automatisation des tâches manuelles, mais pour la création de contenus informationnels. La bonne nouvelle : le territoire de l’apprentissage reste en majorité inexploré. Car l’information et l’apprentissage se succèdent sans se ressembler : un journal peut se contenter de nous exposer des informations (il y a des tensions dans tel pays), ou de nous faire comprendre, profondément et dans la durée, un phénomène (une animation interactive nous fait découvrir les origines d’une tension géopolitique).
L’ère de l’apprentissage a besoin d’humains, car elle est faite pour des humains. Chaque recoin d’Internet sera une opportunité d’apprendre, de faire des choses nouvelles et de vraiment créer.
Je vous donne un exemple :
Imaginez une vidéo, courte, qui montre un échange par messages instantanés entre des étudiants d’une école. Une école un peu révolutionnaire dans le sens où on y apprend surtout des soft skills (ici savoir convertir des informations chiffrées en une métaphore percutante et marquante).
Un enseignant de l’école pose une question par message instantané : « 47% des métiers vont disparaître d’ici 2035, comment rendre cette donnée encore plus marquante ? » L’animation vidéo montre les étudiants en ébullition, les idées fusent, dont une : « Ne faites plus d’études pour avoir un métier dans 5 ans, mais pour en avoir un deuxième 10 ans après. » Les élèves et l’enseignant applaudissent : pas mal !
Mais on peut faire encore mieux, car il y a des règles simples (des heuristiques) pour apprendre à rendre des données et des chiffres vivants, impactants. Dans le reste de la vidéo, l’enseignant nous l’apprend, de manière ludique et imagée. Les élèves essayent à nouveau. La musique est rythmée, les propositions s’enchaînent, et enfin, on vous demande la vôtre : c’est à vous de proposer une réponse. Vous pouvez commenter, interagir, faire partie de cette vidéo, faire partie de ce monde.
Dans le terrier du lapin
Des formats courts, ludiques, narratifs, interactifs, que l’on trouve sur les réseaux sociaux ou sous de multiples formes (vidéos, audios, textes, jeux) spatialisées dans cette gigantesque architecture qu’est Internet. Voilà ce que j’appellerai des rabbit holes, les terriers du lapin blanc d’Alice.
Car en entrant dans ces terriers, les apprenants vont entrer dans votre monde, celui que vous aurez imaginé. Un monde fascinant, où l’on apprend, on découvre, on évolue. Un monde fait par des humains pour des humains.
Tiens, un lapin blanc vient de passer, il s’agirait de ne pas être en retard. Vous entrez dans le terrier ?
Bienvenue dans l’ère de l’apprentissage.
Excellent article. La conclusion comparant l’ère actuelle avec la découverte du Lapin est extrêmement pertinente car elle pose la question : serons-nous comme rattrapés par notre propre retard ou bien saisirons-nous, en pleine course, le changement ?
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